IDENTITÉ DE REIMS

IDENTITÉ[S] VILLE DE REIMS

Reims
L’identité visuelle ? de la cathédrale-monde
à la ville-monde…

Préambule : Reims s’étend de son passé prestigieux vers un avenir mondialisé, de centre de l’ancien monde (la ville des sacres) vers le monde dans son entier, un monde polycentrique, un monde contemporain mobile, fluide, hybride, métamorphique ; le monde dans ses expressions physiques, économiques, culturelles, jusque dans l’expansion cosmologique que semblent suggérer tous ces signes qui s’agglomèrent en constellations ou s’épanchent en nébuleuses fluctuantes.

C’est pour exprimer cette idée d’expansion de cathédrale-monde à ville-monde dans la fluidité des mouvements de la société contemporaine, que j’ai choisi des formes rondes, nuageuses enveloppantes, généreuses ; elles délimitent un territoire symbolique en même temps qu’elles portent une valeur affective, une ambition politique signifiante, investie, de vouloir encore et toujours parler au monde

L’extension de la commande, un propos implicite ?

La commande décrite par la Ville de Reims dans le cahier des charges – « la conception d’une identité visuelle unifiant les événementiels de l’année 2011 » – sous-tendait, alors ou dans un futur proche, à ce qu’il me semblait être une demande implicite plus étendue qui était celle de repenser l’ensemble de l’identité visuelle de la ville afin d’en accroître la notoriété internationale et de construire une image plus ambitieuse, capable d’unifier, à travers la diversité de ses déclinaisons, un passé prestigieux avec un avenir prometteur et ce, par le lien thématique établi entre ces extraordinaires bâtisseurs d’hier et ceux d’aujourd’hui.
Le résultat de ce « contournement » de la demande initiale du cahier des charges n’a pas été retenu – seule une lettre sèche des services administratifs de la ville me signifièrent que mon offre n’avait pas été retenue – concluant cette prestation – il en reste ces images

Ce choix de proposer une unification – qu’elle soit institutionnelle, culturelle ou événementielle – visait aussi à la rendre plus identifiée auprès de ses habitants, plus perceptible, plus concrète, afin de susciter l’adhésion des citoyens à l’interne – exprimée par les concepts de partage, de convivialité, de festivité – et l’attractivité de la ville à l’externe – exprimée cette fois-ci par les concepts de curiosité, de dynamisme, de notoriété, tous porteurs d’une ambition proportionnelle au prestige de la ville, prestige adossé à des concepts d’évocation bien identifiés (la cathédrale, le champagne, tous deux de notoriété mondiale) qui, pour être univoque*, n’en sont pas moins efficaces et universellement reconnus.

  • * Univoque – entendu ici comme correspondance, d’une relation dans laquelle un terme entraîne toujours le même corrélatif « Comme correspondance précise
    … et univoque entre le monde extérieur et l’image que nous parvenons à nous en faire » (Broglie).

Le projet : agir dans deux directions – ponctuelle et pérenne

a)  véhiculer tous ces concepts de communication et d’évocation sous une forme graphique contemporaine : les restituer au temps présent, les inscrire dans la mouvance du monde contemporain, dans une signification ouverte, pertinente et agissante

b)  concevoir une identité visuelle durable pour la Ville de Reims à même d’unifier la réponse événementielle avec l’image actualisée de la ville, et par identité visuelle durable nous entendons une identité souple, plastique, évolutive, une identité modulaire comme le serait un mécano de signes transformables, que l’on pourrait décliner en autant de figures voulues en fonction des besoins de communication.

Pour ce faire, j’ai proposé d’articuler la communication demandée en deux structures distinctes spécifiques :

• l’identité visuelle générique de la ville de Reims en base line, par une interprétation graphique du nom de la ville articulée autour de la figure ascensionnelle du i (Reims)

• l’identité visuelle des événementiels autour de la notion festive de pétillement, et des pratiques sociales de la mise en réseau délimitées par des formes fluides qui définissent un territoire dans ses dimensions physiques et culturelles.

j’ai aussi propose, néanmoins une réponse préservant la marque actuelle « Reims » cette réponse permettant une mise en place rapide mais aussi un glissement progressif vers ma proposition de renouvellement de la  marque identitaire Ville.

 

 

Explication sémiologique de la symbolique utilisée​​​​​

 (aa) L’identité visuelle,

au commencement de la séquence « Reims », s’adosse à un alignement de points invariants, suivi d’un point « couronné » d’un arc de cercle, l’ensemble est une configuration pyramidale qui apparaît latéralement dans un rapport numérique simple de 1 à 2 : 1 – 2 – 4.

(a) le point de base

Le premier module de l’identité visuelle proposée, sa plus petite unité graphique, est le point de base : un rond plein, d’une épaisseur charnelle, un monde en lui-même en gestation, d’autres mondes, d’autres possible, C’est une figure de l’unification, un signe entre le cercle et l’anneau, cet anneau qui symboliquement contient toute l’année à venir dans une boucle de l’espace et du temps.
Le point de base est la promesse d’un commencement.

(b) La ligne

Se constitue d’un point en déplacement, un instant qui s’étire vers quelque chose ; la verticale est un point qui s’étire vers le haut ; l’alignement vertical des quatre points, à gauche du nom de la ville, est une répétition d’entités graphiques minimales, une succession d’instants dans une élévation qui serait plus lente, plus progressive vers une dimension supérieure.

Ou encore une entité graphique sérielle, appréciable dans son rythme même, sa mesure régulière du temps et de l’espace, une série qui peut évoquer par exemple les alignements de pierres d’un Richard Long ; une série qui procède en somme d’un vocabulaire graphique ouvertement contemporain associé à une typographie d’esprit classique pour le nom de la ville.
Un équilibre entre une séquence graphique stable et une ponctuation rythmique, entre l’assise d’un prestige hérité du passé et le dynamisme plastique d’une réécriture contemporaine, quelque part entre les usages profanes et les inflexions sacrées des signes, entre leur vie sociale et leur « parlare interno ». … leur conversation intime

(c) la ligne verticale

Sortie du point de base comme la tige d’une fleur sort de la graine, la verticale est par excellence le module de l’élévation, la colonne du « i » de Reims, c’est la colonne vertébrale au milieu de la séquence graphique du nom de la ville :

(Re – i – ms)

une colonne en poussée vers le ciel, en tension, en aspiration, la trajectoire verticale de quelque chose qu’on est en train de bâtir : un présent, un avenir, des projets, des idées, des réalisations matérielles ; comme en 1211 on commençait à bâtir la cathédrale, à l’élever, à la tendre verticalement vers le ciel sans pouvoir, toutefois, véritablement le toucher.

(d) Le point haut

Il convient de bien (dé)marquer le point sur le « i » de Reims, le point céleste qui flotte au-dessus du langage des hommes.

Et Reims vaut bien un point céleste qui vient la couronner, comme si le « i » de Reims contenait déjà dans son aspiration verticale le Couronnement de La Vierge sculpté au pinacle du gâble de la façade de sa cathédrale, une façade elle-même peuplée d’une hiérarchie d’anges qui n’ont de cesse de s’arracher de l’attraction terrestre pour habiter le Ciel, comme le point ascensionnel du « i » s’échappe de son assise verticale pour mieux habiter le blanc du papier, le vide/la lumière.

L’identité événementielle

(a)  Forme iconique et représentation symbolique de la croix cultuelle,

elle est une citation décalée de façon à ne pas être trop prégnante, la croyance relevant de l’espace intime, son rôle essentiel est surtout d’installer une liaison forte entre les deux formes composantes du pictogramme, tout en instaurant une ouverture sur l’espace extérieur (spatialité, air … )

(b)  Cette forme dérivée du quadrilogue

fait référence à l’image médiévale à la fois iconique et symbolique, d’où la déclinaison de la croix, au-delà de sa signification religieuse (passage au delà de l’opacité, de la matière, de la lumière, ouverture, vers l’extérieur, liaison des polarités inversées) C’est aussi la représentation symbolique de la roue comme axe de transmission (mais aussi engrenage de levage) en relation directe aux batisseurs de cathédrales – elle est aussi associée à un renvoi à la croix et au patrimoine.

(c)  Le ciel,

renvoi iconique aux nuages et de fait à un mouvement constant et immuable, traversant le territoire déjà, bien avant l’édification de la cathédrale

(d)  Citations des points de liaisons,

inter-connections, communications, effets des relations inter-individuelles et intra-communautaire visuellement basés sur un effet de scintillement, de feu d’artifice mais aussi de cartographie Cet ensemble iconique raconte la dynamique en mouvement constant, la racine liée au sol projette l’ensemble vers le haut, notre inconscient renvoyant cette symbolique au développement naturel (émergence et croissance de la nature et de la culture {aux deux sens du terme}