À propos de petites choses naturelles consignées dans ce site.
Si pour Mallarmé « le monde est fait pour aboutir à un beau livre » qui aura épuisé toutes les choses du monde et tous les possibles du mot, l’enjeu, ici n’est pas de prétendre écrire le livre, un chapitre, seule une page ou même une ligne … mais d’aboutir à l’expérience initiale du réel mis en image et d’essayer d’atteindre à une harmonie de la représentation
Car tout commence ici au beau de la nature, instance première du jugement de goût, supérieur au beau artistique qui s’apprécie dans une relation désintéressée.
Ici, tout est affaire de sensibilité et d’entendement. Le blanc de la page est un silence. Le plus petit signe qu’on y trace produit un « accident », un son. Et pour qu’il y ait harmonie entre le silence et le son, il faut qu’il y ait quelque chose comme de l’entendement kantien – cette faculté à faire résonner les choses en soi-même, à les comprendre – à commencer par leur beauté naturelle.
Mais comment dépasser notre expérience banale de la chose perçue, percevoir le phénomène, pour tenter d’en connaître ce qui est « au-delà de l’expérience « le sens détourné à dessein ».
Cet inconnaissable de la chose en soi ?
Peut-être par le trajet consigné tout au long de ce site qui procède de la représentation patiente de la chose naturelle – dans ce langage primordial que nous dicte un caillou ou une plante, langage de la poésie, le langage des formes… le langage absolu de cet art que Kant et Mallarmé appellent de tous leurs efforts, celui de la beauté libre affranchie de la surface visible des choses.
C’est en touchant à cette beauté libre que se coproduit, plus que se reproduit, le monde de l’art à travers le secret que la nature nous révèle si on l’atteint.
Néanmoins, une incertitude demeure, celle qui fait que, comme Mallarmé, il faut sans cesse recommencer et le monde et le travail, jeter les dès et se risquer, dans un lieu inconnu, au hasard non aboli des constellations.
Clôturer mes années graphiste ouvre un autre univers plastique
Extrait du texte d’introduction (FL) pour la série des « Grands Livres, – pratiques pédagogiques atypiques » clôturants, lors d’un marathon de 36 heures non stop, les cours « images » de Denis Toulet en écoles supérieures d’arts –